Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus... et les enfants du futur
Oublions les deux premiers éléments du titre qui ne sont là que pour rappeler un ouvrage célèbre qui traite de la communication dans le couple, prétendant qu'homme et femme sont des extra-terrestres l'un pour l'autre. Comprennent-ils mieux leurs enfants qu'ils ne se comprennent eux-mêmes ?
La plupart des personnes que je reçois viennent me rencontrer, sans toujours le dire ou même le savoir avant notre rencontre, pour aller mieux. C'est bien d'accord, je suis là pour ça. Dès les premières minutes quand je pose des questions toutes simples comme : "Qu'est-ce qui vous amène ?" ou "Y-a-t-il quelque chose qui vous touche particulièrement ?", tout de suite viennent des réponses simples, authentiques, vivantes. Mais tout de suite aussi, il est sous-entendu que ce qui fait mon mal-être d'aujourd'hui se trouve dans une cause passée, qu'elle se situe dans l'actualité d'un stress présent, dans la petite enfance ou depuis un événement traumatique qui a marqué un tournant de vie.
Oui, ce n'est pas faux, je suis le fruit de mon passé, de mon expérience, de l'expérience vécue par ce corps depuis qu'il a été conçu. On a déjà vu, soit dit en passant, que ce n'est pas la connaissance intellectuelle du phénomène initial qui va résoudre le problème que je vis maintenant. Mais surtout, ce sur quoi je souhaite attirer l'attention aujourd'hui c'est que, quand ça va mal, nous nous pensons comme une personne ayant des problèmes à résoudre. Le raisonnement est le suivant : si je ne suis pas bien aujourd'hui, c'est parce que j'ai rencontré tel problème dans le passé et il faut donc que je trouve une solution à ce problème pour aller mieux. Je suis quelqu'un qui a un problème et je cherche une solution. La solution visant à supprimer le problème qui m'empêche d'être moi.
Personne ne m'a encore dit : je me sens mal parce que j'ai peur de réaliser ma vraie nature !
Si je me sens mal aujourd'hui, c'est parce que je voudrais être autre chose, autrement. Je ne suis pas ce que j'aimerais être ou je n'accepte pas d'être ce que je suis aujourd'hui. Mais d'où me vient cette idée de ce que je devrais être ? De Mars ? De Vénus ? Quels sont les éléments de la comparaison ?
Pour comparer il faut deux éléments. Si j'ai perdu la santé, je respire mal par exemple. Je peux me souvenir d'avoir bien respiré antérieurement. Nous avons deux éléments pour comparer : avant c'était mieux que maintenant. Mais l'enfant qui vient au monde, avec quoi compare-t-il ?
Bien sûr, il a la douleur pour le guider. S'il manque de nourritures, d'affection, d'amour, de soins, il exprime sa douleur autant qu'il en a la force. Mais ce n'est pas suffisant dans une vie de ne pas avoir mal.
D'où viennent nos goûts, nos aspirations, nos projets ?
Voilà un autre élément de comparaison : j'aurais aimé être un artiste et je me retrouve tout en bas de l'affiche, si ce n'est à les coller pour les autres. Là aussi, ça fait mal. Qu'ai-je fait de mon talent ? Je compare avec ce que j'aurai pu être.
Ce "j'aurai pu être" d'où vient-il ? J'aurais voulu être danseuse, mais je me suis cassé la jambe. OK, dommage. Mais d'où vient ce projet de devenir danseuse ? Il vient que mes parents m'avaient inscrite à l'école de danse et que j'aimais ça. Très bien. Nous sommes encore dans le passé.
Mais qu'est-ce que j'aimerais être maintenant ? Finalement qu'est-ce qui me porte dans la vie ? Quelle est cette intention qui rencontre autant d'obstacles ? Je ne vois que les obstacles, mais je ne vois pas l'intention. C'est pourtant parce qu'il y a intention qu'il y a obstacle. Si vous n'avez aucune intention, il n'y a pas d'obstacle qui puisse vous empêcher de parvenir à vos fins !
Si vous ne vous appuyez pas sur l'intention, sur un projet de vie, qu'est-ce qui vous amène ?
Vous vous considérez comme ayant des problèmes et quelquefois comme étant le problème, mais vous ne voyez pas que vous êtes la solution ! Vous êtes en train d'agir pour devenir vous-même. Mais c'est qui vous-même ? C'est cet être du futur qui vous attend depuis toujours et que vous êtes déjà.
Maintenant, placez-vous dans cette intention. Inutile de la nommer, soyez simplement dedans. Celle qui vous porte. Et déplacez-la dans le temps vers le passé. Suivez la ligne du temps, sans vous arrêter, traversez votre naissance, traversez votre conception... Est-elle toujours là ? A-t-elle disparu, s'est-elle évaporée ? Ou bien la sentez-vous encore vous porter ?
Là, dans cet espace vide, dans cette intention a-temporelle, avant toute conception, sentez que rien de désagréable ne peut vous atteindre, vous êtes dans le lieu de toute guérison et ce lieu est encore là aujourd'hui. Tout ce que vous avez rencontré par la suite, c'est une sorte de farce à laquelle vous avez cru devoir vous identifier. Prenez-là comme telle, sans vous départir de cette intention et soyez curieux de ce qui vous arrive.
Maintenant, je vous propose de relire, parce que mon petit doigt me dit que ce n'est pas si évident.
Pourquoi ce sujet est-il important ?
En quoi est-ce que cela nous concerne ?
C'est vis à vis du changement. On ne pourra pas changer sa vie en changeant uniquement "ce qui ne va pas", ce qui nous pose problème. Régler les problèmes ne suffit pas à vivre sa vie, à s'accomplir.
Il est nécessaire de s'appuyer sur ce qui nous motive, et de le reconnaître, de reconnaître ce qui nous anime.
Si vous ne vous intéressez pas à ce qui vous mène, vous ne trouverez pas la force de surmonter les obstacles actuels.
Oui, ils viennent du passé, mais ils s'imposent à vous dans la perspective de votre futur. Et ce futur, vous le portez en vous. Vous portez en vous de vous accomplir.
Francis Lemaire