Lisser le poil du hérisson
Masser, c'est comme caresser un hérisson qui deviendrait un chat !
Nos pensées nous hérissent
La pensée a un support matériel, biologique sur lequel elle s'appuie pour s'exprimer, le corps, mais elle s'étend au delà du corps dans ce que l'on pourrait appeler le corps d'intention, relié intérieurement aux intentions et se nourrissant de toutes les impressions apportées par l'extérieur. Les pensées conscientes, subtiles, inconscientes... nous habillent. Nous nous promenons enveloppés de nos concepts. Et d'une certaine manière, nous marchons dans nos pensées, dans nos intentions secrètes ou pas. Elles nous orientent, elles orientent l'action au sens spatial, comme une boussole.
Il faut dire que nous avons été conçus par nos parents. Nous sommes nés d'une conception, d'un concept. Et ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement, paraît-il !
Qu'est-ce que je fais quand le masse ? Parfois, j'ai l'impression de caresser des concepts pour qu'ils retrouvent le sens du poil. Sinon, ils hérissent la personne.
La pensée est l'extension du désir dans l'espace. Elle doit mener à l'action. La pensée crée un espace, de préférence devant moi, dans lequel je n'ai plus qu'à m'engouffrer pour agir.
Mais il y a des pensées qui disent "non". En fait, coexistent dans certains cas une pensée qui va vers (l'action) et une expérience mémorisée qui dit "non, ce n'est pas possible". Autrement dit : j'aimerais bien, mais j'peux point ! Et tout cela est recréé à l'intérieur de moi tant qu'il n'y a pas d'issue à ce conflit. L'issue étant un dépassement par l'acceptation.
A la fois je recrée une pensée, un désir, par exemple : il faut que je réussisse mes études ou que je perde 3 kg... Mais pour pouvoir réussir, il me faut un obstacle (3 kg de trop !). Donc je recrée l'obstacle qui va me permettre de réussir à le dépasser. Mais comme mon expérience me dit "je ne vais pas y arriver" (celle que j'ai mémorisée corporellement), je me débrouille pour que l'obstacle soit juste plus grand que mes efforts pour le surmonter. Et à chaque fois, je fais encore plus d'efforts sans voir, sans m'apercevoir que je déploie un obstacle encore juste au-dessus des efforts que je fais.
C'est moi qui crée les deux. A la fois la tension vers... et l'inhibition de cette tension. Le tout étant appelé classiquement conflit intérieur.
Et quand je vais en thérapie, je viens résoudre un problème auquel je suis confronté, mais qui n'existe qu'à l'intérieur de moi et que je recrée en permanence parce que je veux en sortir et que mon expérience me dit que je n'arrive pas à en sortir.
Il s'agit d'une nouvelle naissance à chaque fois. Il s'agit de cesser de fabriquer ce qui nous empêche. Et ça c'est un choix. Le choix de maintenir le refus du passé ou de l'accepter dans toutes ses dimensions.
Quand je me dit que je ne peux pas. Qui me dit que je ne peux pas ? C'est moi (je). C'est mon expérience passée que je maintiens pour en sortir. Si je cesse de maintenir la prison qui m'enferme, je n'ai plus besoin d'en sortir.
Et cette prison, pour certains, est corporelle. On en revient à "Inviter et contenir". C'est à dire que le corps organise une contenance, il recrée les tensions dont je voudrais me défaire dans le but supposé d'y parvenir. L'accompagnant peut, par sa manière d'envelopper voire de contenir, indiquer au corps de la personne accompagnée "tu n'as plus besoin de te contenir. Je le fais pour toi". Et finalement, la conscience peut quitter ce lieu de lutte parce que la personne n'a plus à lutter à la fois pour se contenir et pour sortir de ce qui l'enferme. Le problème cesse non pas par sa solution, mais par son absence au moment présent.
Bien entendu, tout cela ne vient pas de nulle part. C'est inscrit corporellement, dans nos cellules, dans nos neurones, dans notre chimie interne. Et nous pouvons avec une certaine raison nous en croire absolument dépendants. Cependant, nous avons un espace stratégique. C'est à dire la possibilité d'orienter le cours des choses.
D'abord voir : Qu'est-ce que je veux ? Quel est mon désir ? Qu'est-ce que je veux obtenir ? La question suivante est qu'est-ce qui m'en empêche ? Rien ? Alors comment m'y prendre pour y parvenir ? C'est à dire voir la réalisation du désir sous forme d'action.
Oui, mais mon désir, c'est de sortir de mon enfermement !
Très bien. Alors quel est-il ? Dans quoi je m'enferme ? (ou dans quoi je suis enfermé(e) ? Dans mes peurs... Lesquelles ? Dans mes habitudes, dans les contraintes que je me donne : il faut que je fasse ceci ou cela... A toutes ces réponses, la question est : Sinon quoi ? Qu'est ce que je vais sentir si je n'obéis pas à mes peurs ?
Comment concrètement sortir de l'enfermement ? En cessant de vouloir en sortir ! (Ne vous découragez pas maintenant, poursuivez la lecture). En fait, je veux en sortir avant même de le connaître. Cesser de vouloir en sortir, et surtout, cesser de reconstruire ma prison. Vouloir en sortir, c'est recréer indéfiniment la prison qui m'enferme.
Au bout de cela, et il s'agit d'être précis, plus vous êtes précis(e) en terme de sensation, plus vous êtes proche de la guérison, au bout de cela, il y a l'acceptation de la vérité ancienne qui s'est gravée corporellement : "je n'ai pas pu y échapper". Qui n'a pas pu y échapper ? "Je". Et pourtant je suis encore là. Qu'est-ce qui a été anéanti ? Ma volonté d'échapper. Pas le fait d'échapper (à la mort. Il s'agit toujours de cela), mais la volonté, la velléité de mener les choses comme je l'entends. C'est elle qui a été vaincue.
Si j'accepte cette défaite, je n'ai plus à recréer les conditions de la bataille dans ma vie quotidienne. Je suis libre comme un Don Quichotte sans moulin à vent.
Autrement dit : quel est le chemin à parcourir ? C'est encore une fois le chemin d'aller y voir. C'est le chemin du oui plutôt que celui du non.
Le refus intérieur de la réalité ancienne, l'idée que j'aurais pu échapper à ce traumatisme qui me semblait fatal, crée les conditions de mon enfermement dans un monde dans lequel je dois lutter pour parvenir à lui échapper. Mais j'ai besoin de ce monde pour lui échapper. Sans ce monde, comment lui échapper ? Alors je le recrée. Je recrée ma prison.
Le corps est mémoire, que nous le sachions ou non, et cette mémoire nous mène à notre avenir en nous proposant, à chaque tournant de la vie, de nous réconcilier avec nous-mêmes. Autant que nécessaire, notre corps nous fait répéter, comme si nous voulions apprendre par cœur, de peur d'oublier... que nous pouvons apprendre par le cœur.
C'est une phrase que j'ai piquée sur un site internet !
Au final, c'est très simple, même si la pratique n'est pas toujours brève ni si aisée, son contenu est simple : Aller vers ce que je refuse. Et si je ne sais pas ce que je refuse, aller vers la précision : Qu'est-ce qui a l'intérieur de moi m'empêche ? Qu'est-ce que je me sens obligé de faire ? Et si je ne le fais pas, quelle est la sensation, et la sensation suivante ?... Réponse : J'ai l'impression de m'effondrer, que tout s'écroule, de perdre le contrôle, de disparaître, de perdre le souffle etc.
Ce n'est pas parce que vous maintenez ces impressions à distance qu'elles ne sont pas là agissantes en vous. A l'inverse, ce n'est pas parce que vous les vivez que la vie va s'arrêter. Elle se poursuivra d'elle même et n'a pas besoin de votre contrôle pour cela !
Et si la main qui vous caresse ne va pas dans le sens du poil, tournez-vous ! Vous n'avez pas à subir, ni à vous forcer. Si vous ne parvenez pas à préciser ce qui est douloureux, abandonnez temporairement et revenez-y quand vous vous aimerez assez. Mais dès maintenant, aimez-vous suffisamment pour cesser de vous faire souffrir.
Note de bas de page
Je ne cherche pas dans ce texte à nier l'existence de problèmes, mais simplement à souligner un paradoxe : en nous attachant à résoudre un problème ancien qui a laissé des traces sensibles, nous sommes amenés à recréer le problème en nous et à vivre dans un monde où ce problème nous environne maintenant. Il y a comme vous le savez des approches efficaces, comme TIPI qui permettent d'aller au fond des choses pour qu'elle cessent de se présenter à nous. Il n'empêche que quelquefois nous nous acharnons à résoudre un problème en conservant en arrière plan l'idée qu'il n'aurait pas dû se produire. Tant que nous conservons cette idée, la lutte n'aura pas de fin.