Savoir écouter la souffrance qui ne se dit pas
Vous est-il arrivé d'avoir un enfant à consoler, un ami à réconforter, un voisin à soutenir, un parent à accompagner, bref, d'avoir quelqu'un à aider ? Et tout de suite, vient la question : comment puis-je t'aider ?, même si elle n'est pas directement posée. Et d'abord de quoi souffre cette personne que j'ai en face de moi ou au bout du fil ?
Bien sûr, l'enfant a pu s'égratigner, l'ami vivre une peine de cœur, le voisin avoir un gros pépin, le parent un souci de santé, ça, c'est la partie visible... mais que me dit cette personne de sa douleur ? De quoi souffre-t-elle vraiment ? Comme je l'ai déjà entendu : « j'ai tout pour être heureuse, des enfants magnifiques, un mari aimant, une maison, une voiture, des amis, de l'argent, mais il me manque quelque chose... ». Quel est cet essentiel qui manque tant ?
Alors, il s'agit d'écouter. Que me dit cette personne qu'elle n'arrive pas à dire ? Que me dit-elle de ses vieilles douleurs qui ne sont pas seulement des rhumatismes ?
C'est ce que j'ai fait. C'est ce que je fais depuis mon plus jeune âge.
Et en écoutant, qu'est-ce qu'on entend ? Une histoire qui remonte au plus jeune âge, elle aussi. De la même manière que les télescopes remontent dans l'histoire de l'univers en captant une lumière de plus en plus lointaine, de même, dans nos vies subsiste un écho lointain de la manière dont s'est passée notre histoire depuis ses tout débuts.
Avec la psychanalyse, l'histoire commençait à trois ans avec le complexe d'œdipe. Petit à petit, les défricheurs sont remontés à la toute petite enfance, la naissance, puis à la vie utérine, enfin à la conception et se demandent maintenant ce qu'il y avait avant.
C'est ce que se demande Eulalie dans « Le transport amoureux ». Y avait-il quelqu'un avant l'incarnation ?
Pourquoi toutes ces questions ? Parce que quelqu'un souffre. Je ne peux pas rester là, assis en regardant le foot à la télé, non, il y a quelqu'un à écouter. Et que me dit cette personne ? « Il y avait un mouton froid et en train de mourir, ils m'ont dit : le moins que tu puisses faire, c'est d'y aller et de le remonter et j'ai répondu que je le ferais... et me voilà ». Et que se dit le psychiatre ? « Cette femme est folle », mais il le savait déjà puisqu’elle était enfermée dans sa clinique ! Non, cette femme n'est pas folle, elle raconte son histoire, l'histoire de sa venue au monde. Je traduis : Quelqu'un est mort dans le ventre de ma mère, je n'ai pas réussi à le sauver, à le ramener. Je n'avais pas prévu de venir, mais me voilà. Cela pourrait être une banale histoire de jumeau perdu, comme on dit maintenant, mais voilà, ça résiste.
Cette femme porte en elle un mouton froid et elle ne sait pas quoi faire de sa vie. Elle s'y est attachée.
Notre télescope va devoir remonter plus loin, non pas pour enquêter, mais pour voir la lumière au-delà de la matière. Que venait lui dire ce mouton froid ? Quel était son message ? Il venait lui dire que quelqu'un avait perdu quelqu'un et que ça lui faisait de la peine, qu'on ne pouvait pas la laisser comme ça.
Et c'est là qu'on en vient à une découverte explosive : ce n'est pas le corps qui prend conscience, c'est la conscience qui prend corps. Cette phrase à elle seule vaut le prix du livre, je vous fournis le reste gratuitement. C'est la conscience qui crée la matière qui va m'informer que quelqu'un a perdu quelqu'un et qu’on me demande d'intervenir. La conscience a créé un "mouton froid" afin que je sache dans quel monde j'arrivais et ce que j'aurais à y faire.
Cette histoire, sans sa conclusion, je l'ai lue dans le livre d'un psychiatre, Harold Searles, dans les années 80, au siècle dernier, et je me demandais, avec sa patiente, pourquoi ce psychiatre n'enlevait pas ses grosses lunettes qui l’empêchaient de voir. Elle se trouve aussi dans ce second tome.
Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Cette personne qu'on disait folle méritait qu'on s'occupe d'elle. Qu'est-ce qui faisait sa folie ? Elle ne pouvait pas dire et pourtant elle la disait, son histoire, ou plutôt, elle ne pouvait pas être entendue dans ce qu'elle disait. Le télescope ne voyait pas assez loin.
Alors, je me suis formé, j'ai écouté, j'ai entendu, j'ai accompagné, j'ai pris soin, j’ai posé quelques attelles, j'ai ouvert des passages, j'ai défriché avec vous des jardins secrets afin que la lumière y vienne à nouveau et fasse son office de régénération.
Vous êtes venus, vous êtes repartis en boitant un peu moins, voire plus du tout, certains m'ont donné des nouvelles, peu m'ont oublié. Mais aujourd'hui, j'ai une question : vous avez toujours cette fiancée magnifique, ou peut-être l’avez-vous quittée, vos enfants ont grandi, votre chien est mort... mais que faites-vous quand quelqu'un est dans la peine ? Savez-vous l'écouter, lui tendre la main, ou êtes-vous démuni(e) ? Qu'avez-vous fait de vos anciennes douleurs ? Vous les avez oubliées quand elles sont parties, mais en avez-vous tiré une expérience que vous avez pu mettre au service des autres ?
Toutes ces questions pourraient paraître insignifiantes, à quoi bon remonter aussi loin alors que le soleil brille sur la plage ? Tout simplement parce que vous ne pouvez pas vous permettre de laisser quelqu'un sur le bord de la route. Car ce quelqu'un, cet être essentiel qui n'a pas été entendu, c'est vous !
Vous retrouverez tout ce que vous avez à savoir pour mieux écouter les autres (à la lumière de votre nouveau télescope) dans le livre « Le transport amoureux (et ses périls) » et si, pour l'instant, c'est vous qui avez besoin d'être entendu(e), le Corps Mémoire est un espace qui est consacré à cela. Il est encore temps.
Bien sûr, ce livre n’est pas parfait. S’il était parfait, il suffirait du titre pour avoir tout compris. Non, il vous faudra faire l’effort de lire, de patienter, de ne pas tout comprendre tout de suite, mais il vous permettra de transformer vos vieilles habitudes de pensée, d’élargir vos horizons et de mieux accueillir celles et ceux dont la vie balbutie une histoire qu’ils n’arrivent pas à raconter. Peut-être la vôtre.
Encore une fois, et j’en suis désolé, je ne peux pas vous le résumer. Il y a trop de sujets imbriqués que l’on ne peut pas simplement aligner pour faire plaisir à des lecteurs en quête d’outils prêts à servir. Mais si vous le souhaitez, vous pouvez consulter la table des matières.
Livre broché. - 368 pages - 21 €
Lire la description complète