Le Corps Mémoire

Centre de ressourcement et de connaissance de soi

Un chemin concret pour quitter la souffrance

La première étape pour cesser de souffrir consiste à reconnaître sans relâche que quand je souffre, la souffrance est en moi, vient de moi. Bien entendu, l’autre peut être source de ma douleur, comme le marteau sur mon doigt, mais la souffrance, c’est ce que j’ajoute à la douleur en prétendant que cela n’aurait pas dû arriver, que de tels individus, complètement marteau, ne devraient pas exister. Oui, l’autre peut être incompétent, énervant, voire maltraitant, mais la personne énervée, c’est moi et la source de cet énervement est en moi.

Distinguer douleur et souffrance

Arnaud Desjardins employait une image pour illustrer cela : en jouant, un enfant se cogne sur le pied de table. Le parent pour le consoler donne une tape sur la table en s’exclamant : « Oh, la vilaine table, elle est vraiment vilaine ! ». Il disait que c’était un crime (un crime contre l’éducation, je suppose) car une longue partie de sa vie, cet enfant va attribuer sa douleur à l’autre. Mais on voit bien que la table n’y est pour rien !

Nous ferons donc la distinction entre douleur et souffrance. Finalement, c’est nous qui maintenons la souffrance en refusant encore maintenant la douleur passée. Nous avons donc la possibilité de quitter cette souffrance même si la douleur persiste. On peut aussi dire qu’il s’agit de ne plus être dans la réaction qui est toujours disproportionnée et mal ajustée par rapport à ce qui se passe, mais progressivement de passer à l’action qui est une réponse juste à la situation telle qu’elle se présente. Et comment distinguer entre douleur et souffrance ? Quand l’émotion est là, même subtile, je ne suis plus dans le présent, je suis en train de le refuser tel qu’il se présente.

Pour ma part, ce qui m’a beaucoup aidé et qui me vient d’Olivier Humbert, c’est ce triptyque à propos des émotions :

  1. - L’émotion est un refus.
  2. - Toute émotion vient du passé.
  3. - Derrière chaque émotion, il y a une idée fausse.

Cela tient en peu de mots, c’est facile à retenir et vous pouvez l’emporter partout. Si c’est trop pour vous, j’en tiens une autre en réserve.

- L’émotion est un refus. Les émotions viennent nous dire quelque chose de ce avec quoi nous ne sommes pas d’accord. « Cela ne devrait pas être, cela ne devrait pas m’arriver… ». Cela ne veut pas dire qu’il faut tout accepter, il s’agit d’accepter ce qui est, y compris l’émotion quand elle survient.

- Toute émotion vient du passé. La situation actuelle résonne avec une situation passée et la réaction qu’elle engendre n’est pas adaptée à la réalité présente. Peu importe que nous ne connaissions pas ce passé consciemment, l’important est de retenir que l’émotion ne s’adresse pas à l’actualité. Encore une fois, si une situation est intenable, il ne vous est pas demandé de la subir.

- Derrière chaque émotion, il y a une idée fausse. Voir et reconnaître précisément cette idée fausse peut nous soulager de ce désaccord avec le réel. L’idée fausse générique consiste à croire que cela ne devrait pas être comme ça. Mais, il s’agit de la préciser. Par exemple, mon amoureux vient de me quitter, c’est de sa faute si j’ai mal, il n’aurait pas dû, je ne méritais pas ça. En fait, je vis dans un monde où personne ne devrait quitter personne. Je peux constater que ce n’est pas la réalité et en profiter pour comprendre que je souffre d’une séparation douloureuse et qui se situe dans le passé. Je rappelle que ce passé peut être très lointain et que je n’y ai probablement pas accès instantanément, qu’il peut être inscrit dans ma mémoire corporelle. C’est pourquoi, bien qu’elle soit un refus, l’émotion est un guide, elle nous indique vers quoi nous orienter, pas nécessairement dans le passé mais dans une meilleure connaissance du monde dans lequel je vis. Et rien que cela peut vous soulager. Ce n’est pas moi qui ai mal, c’est mon passé qui crie.

Extrait du chapitre "Mettre en pratique" que vous trouverez dans le tome II du Corps Mémoire : Le transport amoureux (et ses périls), disponible aux éditions du Corps Mémoire.

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Livre broché. - 368 pages - 21 €

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